À quoi sert le ulu?

Qu’est-ce qu’un ulu?

Lors de mon voyage en Europe avec des artisanes inuites, j’ai rapidement compris l’importance d’un outil unique que je n’avais jamais vu auparavant, le ulu, un couteau tout usage magnifiquement façonné. Composé d’un magnifique manche en os, en corne caduque ou en bois (parfois peint de très beaux motifs) et d’une lame de métal unique (auparavant, une lame en ardoise ou en cuivre aurait été utilisée), cet outil a toujours été indispensable aux Inuits, tant sur le plan pratique que culturel. Le ulu est un objet très spécial qui se transmet de mère en fille. Ses utilisations sont nombreuses et variées. Les femmes avec qui j’ai voyagé se servent de cet outil pour découper la peau et la viande de phoque. Elles m’ont confié que certaines coupaient même les cheveux de leurs enfants avec.

Le ulu sert à de multiples usages

Après la chasse au phoque, le ulu était utilisé par les femmes pour dépecer et nettoyer les animaux. Il permet une utilisation aussi bien personnelle que pratique. La lame est extrêmement tranchante. Il est donc important que les filles soient initiées dès leur plus jeune âge et qu’elles apprennent à manier l’outil avec respect et précaution.

La puissance de la lame du ulu pour découper et trancher provient du manche. Ce dernier permet de diriger la force de la lame sur la pièce à découper, tandis que la lame en forme de triangle à base arrondie facilite la découpe. En effet, le ulu fonctionne grâce à un mouvement de balancier qui maintient la nourriture en place.

Le ulu transmet la sagesse de génération en génération

J’ai compris la valeur et l’importance historique du ulu en rencontrant les artisanes et en observant la facilité et la fluidité avec lesquelles elles maniaient cet outil. Le ulu de chacune possédait sa propre histoire et était considéré comme un objet de valeur et un symbole de respect envers leurs pratiques. Elles m’ont expliqué que le savoir de leurs ancêtres était contenu dans le ulu et qu’il se transmettait de génération en génération afin de perpétuer leur connaissance et leur sagesse. Il convient également de souligner que le ulu est l’un des seuls outils de l’histoire à être utilisé principalement par des femmes.

Dans les cultures circumpolaires

Nos voyages en Europe nous ont permis de rencontrer le peuple sami, un peuple autochtone vivant dans l’extrême nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Russie. Les artisanes inuites ont pu réaliser des produits artisanaux avec les Samis et partager les histoires de leurs ancêtres communs venus du Nord. Nos hôtesses samies installées à Jokkmokk, en Suède, et à Mandalen, en Norvège, avaient un profond respect pour la culture inuite et posaient de nombreuses questions comme si elles cherchaient les pièces manquantes de leur propre histoire. J’ai regardé et écouté ces deux groupes de femmes partager leurs histoires sur la façon dont leurs ancêtres utilisaient le ulu et j’ai été fascinée de voir les similitudes entre leurs outils, leur méthodologie et la parenté évidente des traditions circumpolaires.

Le ulu et la mode moderne des peaux de phoque

Aujourd’hui, de nombreuses artisanes et créatrices inuites utilisent des ulus de différentes tailles pour confectionner des vêtements et des accessoires de mode, comme des boucles d’oreilles, des bracelets, des chaussures, des manteaux, des mitaines, des robes et bien plus encore. Tandis que ces créatrices présentent leur travail pendant les Semaines internationales de la mode et sur les médias sociaux, la popularité de la peau de phoque ne cesse de croître grâce à sa qualité, son attrait esthétique et sa durabilité. Le ulu continue de perpétuer la culture.

Un outil culturel important

Le ulu existe depuis 5000 ans. Lorsqu’une personne décède, on dit que son ulu conserve son esprit et son énergie. Cette croyance selon laquelle les ancêtres des femmes inuites restent avec elles à travers le ulu est d’une grande puissance. Peut-être que dans cette salle remplie de femmes artisanes, des générations entières les regardaient avec fierté, unies par une expérience partagée et comprise. Plus incroyable encore, les artisanes d’aujourd’hui pourront poursuivre leur chemin même après la mort en léguant leur ulu à leurs filles, nièces, sœurs ou petites-filles.

Andree Gracie

 

SOURCES :

  1. https://uwaterloo.ca/chem13-news-magazine/march-2019/feature/ulu-chemistry-and-inuit-womens-culture
  2. https://thediscoverblog.com/2019/02/25/the-arctic-inuit-ulu-diverse-strong-spiritual/
  3. https://www.cbc.ca/2017/whatsyourstory/a-powerful-tool-and-symbol-sheila-watt-cloutier-on-the-ulu-knife-of-inuit-women-1.4024247
  4. https://naturallore.wordpress.com/2016/11/15/slate-knives/