Quand la fourrure de phoque est-elle devenue populaire?

Une tradition vieille de plus de 4000 ans

Les vêtements traditionnels des Inuits ont été conçus par nécessité; afin de survivre à la dure réalité du climat rude dans lequel vivait le peuple inuit. Conscientes de la nécessité de garder la communauté au chaud et à l’abri des éléments, les femmes fabriquaient des manteaux, des pantalons, des mitaines et des bottes. Principalement confectionnés à partir de caribous, de phoques et d’oiseaux marins, ces vêtements étaient cousus avec des aiguilles constituées d’os d’oiseaux et de babiche (tissu animal utilisé comme du fil). Les vêtements d’hiver comprenaient deux couches, une couche de fourrure intérieure et une couche extérieure. Ce système permettait de retenir l’air chaud entre les deux couches tout en garantissant une isolation incroyable. De plus, la peau de caribou possède des follicules de poils creux renfermant des bulles d’air isolantes, ce qui explique l’importance cruciale du caribou pour le peuple inuit. L’été était beaucoup plus facile à vivre et la plupart des vêtements étaient fabriqués en peau de phoque, une matière plus légère et plus résistante à l’eau. Une fois en automne, les femmes savaient qu’elles devaient commencer à fabriquer ces vêtements d’hiver indispensables.

 

Les chaussures (ou kamiks) étaient également fabriquées à partir de peau de caribou et/ou de phoque. L’empeigne et le cou-de-pied étaient en peau de phoque. Ils étaient généralement accompagnés d’un chausson en peau de phoque placé à l’intérieur, et/ou d’un bas en peau de caribou.

 

Le plus souvent, les mitaines étaient réalisées en peau de caribou, mais la peau de phoque pouvait être utilisée, si nécessaire. Par exemple, la peau de phoque est plus adaptée aux conditions de travail humides en raison de sa nature imperméable.

En toute logique, les manteaux des hommes devaient être amples au niveau des épaules pour leur permettre de bouger facilement et avec agilité pendant la chasse. Par opposition, les manteaux des femmes étaient généralement fabriqués avec un amauti ou une poche pour bébé, et possédaient souvent deux pans de tablier, un à l’avant et un à l’arrière.

Les vêtements traditionnels des Inuits contenaient également des ornements personnels. Les accessoires comprenaient notamment des boucles d’oreilles, des colliers, des bracelets, des bandeaux et des ceintures. Ils croyaient que ces breloques ou ornements les protégeaient du danger et les aidaient pendant la chasse.

 

Aujourd’hui encore, beaucoup préfèrent les vêtements traditionnels aux vêtements manufacturés. Les vêtements inuits fabriqués de manière traditionnelle offrent non seulement la meilleure des protections contre le climat, mais ils permettent aussi, et surtout, de relier les Inuits à leur culture en préservant leurs valeurs, leur savoir et leur patrimoine.

Les créatrices de mode inuites du XXIe siècle continuent à s’inspirer de leurs ancêtres en utilisant les matières premières et les techniques transmises de génération en génération. Découvrons maintenant certaines des plus talentueuses créatrices de mode inuites d’aujourd’hui.

 

Victoria Kakuktinniq, Icône de la mode inuite contemporaine

La créatrice inuite introduit la peau de phoque sur les défilés internationaux

Quelle joie de découvrir le travail d’une jeune créatrice inuite qui allie tradition et mode moderne. Victoria Kakuktinniq est une créatrice qui s’est illustrée dans ce domaine. Kakuktinniq est considérée comme une icône de la mode inuite contemporaine, et à juste titre. Victoria a présenté ses créations lors des défilés de la Semaine de la mode de Paris et de New York. Elle a largement été acclamée par les revues de mode, notamment Elle Canada et Flare.

 

Lappel des traditions

Née à Rankin Inlet au Nunavut, Victoria s’inspire principalement de sa grand-mère pour ses créations. Petite fille, elle a appris à coudre des vêtements traditionnels et l’art du perlage. Son amour pour la culture et la mode inuites se confirme alors qu’elle poursuit ses études de stylisme. Son objectif est de créer des vêtements modernes qui s’inspirent également de la culture et des traditions inuites. Son influence culturelle se retrouve dans des créations qui mettent en valeur le cuir, la broderie, le perlage et la fourrure de phoque. Elle est surtout connue pour ses parkas en peau de phoque, dotées de corsages à nouer et de belles capuches en fourrure rondes et épaisses, le tout agrémenté de couleurs vives, d’ourlets contrastés et de broderies. L’ourlet arrondi et la grande capuche sont inspirés des parkas amauti utilisées par les femmes inuites pour porter leur bébé. Victoria conçoit également des bandeaux, des manchettes et des mitaines en peau de phoque.

 

Une mode avant-gardiste et durable

Elle a récemment collaboré avec d’autres créatrices inuites afin de compléter ses créations avec des bijoux ou des perles. Certaines de ces collaborations ont été présentées à la Semaine de la mode de New York.

Par ailleurs, Victoria tient à ce que ses clients sachent que ses parkas sont fabriquées localement. En effet, elle s’efforce de proposer des créations en fourrure et en peau issues de sources éthiques et durables sur le plan environnemental. (vafashion.ca)

Victoria est propriétaire de la société Victoria’s Arctic Fashion et sa ligne de vêtements est proposée dans de nombreuses boutiques au Canada et au Groenland. Sa collection est disponible sur le site https://vafashion.ca

La créatrice inuite Melissa Attagutsiak : Peau de phoque et vêtements de soirée, une nouvelle tendance

J’ai rencontré Melissa peu de temps après son défilé à la Semaine de la mode de Paris. Nous étions en route pour la Norvège avec d’autres créatrices inuites pour participer au Festival Riddu Riddu. J’avais hâte d’en savoir plus sur son travail et son expérience unique à Paris. Elle m’a affirmé qu’elle était autodidacte et qu’elle s’efforçait d’associer la tradition inuite à la mode moderne. Sa ligne de vêtements s’appelle Nuvuja9 et propose principalement des vêtements de soirée et des bijoux personnalisés. Parmi ses vêtements de soirée, vous pourrez trouver une combinaison en peau de phoque avec du satin ou de la dentelle, des hauts aux épaules dénudées, des corsages en peau de phoque, mais aussi des boucles d’oreilles en griffes d’ours polaire.

 

Melissa est de plus en plus populaire et ses vêtements ont déjà été portés par le groupe de musique Silla and Rise et l’actrice Anna Lambe.

Comme d’autres créatrices, intégrer la culture inuite dans ses créations permet à Mélissa de s’affirmer sur le plan personnel et de partager la fierté de son peuple avec le monde entier. Retrouvez la collection Nuvuga9 créée par Melissa sur instagram: https://www.instagram.com/nuvuja9/

Hovak Johnston : Revitaliser la culture

Rétablir le tatouage traditionnel et renforcer lautonomie des femmes inuites

Lorsqu’elle est venue me voir à l’aéroport de Toronto, j’ai senti que Hovak Johnston était une personne que je devais connaître. C’était la première fois que je voyais des tatouages inuits traditionnels. Nous nous rendions au marché de Jokkmokk en Suède afin de promouvoir les produits en peau de phoque réalisés par des créatrices du nord du Canada. Au cours de notre voyage transatlantique, j’ai découvert le lien profond qui unit Hovak à sa culture et la façon dont elle a ravivé la tradition des tatouages chez les femmes inuites. Elle a appris la méthode traditionnelle du tatouage et a créé le projet de revitalisation du tatouage inuit. Pour de nombreuses femmes, les tatouages traditionnels ont su combler un vide en leur permettant de se libérer et de se rapprocher de leurs ancêtres inuites. Hovak m’a expliqué la signification de ses tatouages sur le visage, les poignets et les doigts, mais aussi la façon dont ils symbolisent les personnes de sa vie et les moments importants de son histoire. Hovak a ensuite écrit le livre Reawakening Our Ancestors’ Lines : Revitalizing Inuit Traditional qui contient les histoires et les photos des femmes ayant participé au projet de revitalisation.

Activiste inuite, experte culturelle, auteure et créatrice de vêtements en peau de phoque

Hovak est aussi une artisane et une créatrice de mode étonnante. Les clients du marché Jokkmokk ont été impressionnés par son travail. Ses mitaines en peau de phoque, qui sont disponibles en teintes naturelles, mais aussi en rouge, bleu et vert, ont toutes été vendues avant la fin du marché.

Sa créativité n’a pas de limites. En vous rendant sur https://www.facebook.com/hovakscreations, vous trouverez une grande variété d’articles en peau de phoque, notamment des parkas, des mitaines, des boucles d’oreilles, des pantoufles et bien plus encore.

Fière de ses origines, Hovak a grandi dans la région de Kitikmeot, au Nunavut, jusqu’à sa scolarisation. Elle vivait dans le nord du Canada jusqu’à son récent déménagement en Nouvelle-Écosse, où elle continue de transmettre sa connaissance de la culture inuite. Hovak est mariée et maman de trois garçons qui entretiennent également un lien étroit avec leur culture.

 

Sources:

https://www.musee-mccord.qc.ca/en/

http://www.khanacademy.org/humanities/art-americas/native-north-america/native-american-arctic/a/arctic-clothing

https://www.inuitartfoundation.org/iad/artist/Victoria-Kakuktinniq

https://www.cbc.ca/news/canada/north/victoria-s-arctic-fashion-new-york-1.5419254

https://www.inuitartfoundation.org/iad/artist/Victoria-Kakuktinniq

https://www.uphere.ca/articles/iqaluit-eiffel-tower

https://www.inuitartfoundation.org/iaq-online/healing-ink

https://www.inuitfutures.ca/events/making-beaded-uppers-with-hovak-johnston-part-2https://www.pressreader.com/canada/inuit-art-quarterly/20200315/281547997943009