Historiquement, les phoques ont été l’une des principales sources de nourriture pour les communautés arctiques. Les phoques fournissent les matériaux nécessaires à la fabrication des vêtements des artisans autochtones et de leurs communautés et leur permettent de rester au chaud. La viande et l’huile de phoque sont consommées, permettant ainsi aux communautés souffrant d’insécurité alimentaire de se nourrir. La graisse du phoque est parfois utilisée comme combustible de chauffage et à des fins rituelles. Au Canada, le phoque est toujours un élément important du mode de vie et une source essentielle de revenus pour des milliers de ménages des communautés côtières et nordiques isolées. Dans cet article, nous allons évoquer plusieurs raisons pour lesquelles les phoques sont si importants pour les communautés autochtones.
Soutient l’économie
Dans les communautés arctiques du nord du Canada, certaines personnes dépendent fortement de la chasse au phoque pour se nourrir et subvenir à leurs besoins vitaux. Pour certaines familles, les revenus générés par la chasse au phoque représentent une part considérable de leur revenu annuel. La valeur de la chasse au phoque est très importante pour les personnes qui utilisent les produits dérivés du phoque comme moyen de subsistance dans des régions très isolées où les possibilités d’emploi sont limitées.
Durant les périodes d’incertitude économique, comme la crise de Covid-19, la chasse au phoque a servi de point d’ancrage économique, assurant une source stable de nourriture et de revenus pour les communautés autochtones et isolées qui vivent dans les climats les plus rudes de la planète. Dans certaines familles, tout le monde contribue aux activités liées à la chasse au phoque.
Soutient les régions faisant face à l’insécurité alimentaire
Selon le documentaire « Angry Inuk », 7 enfants inuits sur 10 vont à l’école le ventre vide. L’Enquête nationale sur la santé des Inuit a révélé qu’au Nunavut, 68,8 % des populations inuites vivaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire. Ce nombre est six fois plus élevé que la moyenne nationale canadienne et représente le niveau d’insécurité alimentaire documenté le plus élevé pour une population autochtone résidant dans un pays membre de l’OCDE (1).
L’insécurité alimentaire est également très présente dans la région désignée des Inuvialuit (43,3 %) et au Nunatsiavut (45,7 %). En ce qui concerne les enfants, l’enquête sur la santé des enfants inuits du Nunavut a révélé que près de 70 % des enfants inuits d’âge préscolaire vivaient dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire (2).
Plusieurs facteurs contribuent à aggraver ce problème :
Les conditions météorologiques
Les conditions météorologiques dans la région arctique sont vraiment imprévisibles. La hiérarchisation des cargaisons et les difficultés d’acheminement peuvent empêcher les expéditions de denrées alimentaires vers ces régions. En raison de la diminution de la population d’animaux sauvages liée au changement climatique, à l’industrialisation et à d’autres facteurs, les sources d’alimentation traditionnelles ne cessent de diminuer pour les communautés autochtones.
La mauvaise qualité des aliments
Les aliments de qualité et nutritifs sont limités dans les communautés nordiques. La qualité et la conservation des aliments ne peuvent pas toujours être garanties, car ils sont plus susceptibles de se détériorer lorsqu’ils sont expédiés sur de longues distances. En outre, des contaminants, tels que des métaux lourds, ont été détectés dans les conserves et autres aliments longue conservation.
Le prix des aliments
Le coût de la nourriture peut être exorbitant dans ces communautés en raison des frais de transport élevés. Une galette de steak haché peut coûter 20 dollars et trois bananes peuvent valoir 7 dollars dans le Nord canadien (3). En plus des prix élevés de l’épicerie, les coûts liés à la chasse et à la cueillette ont augmenté en raison de la hausse du prix de l’essence. De ce fait, les communautés autochtones demandent un accès plus raisonnable à leurs aliments traditionnels, tels que la viande de phoque. Les autochtones considèrent toujours la viande de phoque comme un élément essentiel de leur alimentation quotidienne et comme l’un de leurs aliments traditionnels préférés aujourd’hui. Dans le nord du Canada, la viande vendue en magasin coûte cher. Un seul phoque du Groenland représente l’équivalent de 200 dollars ou plus de viande pour une famille; sans compter un apport nutritionnel bien plus important.
Ces facteurs contribuent à l’insécurité alimentaire des autochtones au Canada et, en fin de compte, nuisent à leur bien-être et favorisent la pauvreté des communautés autochtones.
Le lien avec la terre dans la pratique ancestrale de la chasse au phoque
Les phoques représentent bien plus que de la nourriture et une source de revenus pour les communautés autochtones. Ils constituent un élément central de la culture, de la tradition et de la vie.
La chasse au phoque est une tradition importante qui fait partie intégrante de la culture. L’enseignement et l’apprentissage des techniques de chasse et des connaissances traditionnelles sur l’environnement renforcent les liens intergénérationnels. Ces communautés, qui ont dû s’adapter à leur habitat naturel, ont construit leur mode de vie autour de la chasse. Elles ont également développé des techniques rigoureuses pour transformer et préparer les phoques de diverses manières au cours des différentes saisons
L’utilisation du phoque est plus qu’une activité pratique. C’est un moyen de tisser des liens et de transmettre la culture. Ces pratiques représentent un système de croyances et un mode de vie pour les communautés autochtones. Même si de nos jours, les vêtements sont généralement conçus à partir d’autres matériaux, les artistes autochtones continuent d’adapter et de conserver les compétences et les connaissances traditionnelles de transformation de la fourrure et du cuir de phoque pour créer de magnifiques objets d’artisanat et de design. Aujourd’hui, ils continuent à transmettre ces compétences aux jeunes générations.
Connaissances écologiques et efforts de conservation
Les connaissances écologiques sont des savoirs, des pratiques et des croyances concernant les relations écologiques qui sont acquises grâce à une observation personnelle approfondie des écosystèmes locaux et à l’interaction avec ceux-ci, et qui sont partagées par les populations locales.
La chasse est l’un des types de connaissance écologique les plus importants dans la région de Arctique et continue d’être une activité essentielle pour de nombreuses communautés autochtones. L’enseignement et l’apprentissage des compétences traditionnelles facilitent la transmission des techniques de chasse et de traitement appropriées, ainsi que des connaissances permettant d’assurer la sécurité et le maintien de populations de phoques stables et en bonne santé. Cela contribue à préserver les connaissances traditionnelles des autochtones et à soutenir la gérance de l’environnement. En outre, ces pratiques permettent de recueillir des données importantes sur des populations d’animaux spécifiques. Ces informations sont précieuses, car elles apportent des connaissances aux générations futures et complètent les données scientifiques.