Art autochtone: 10 artistes féminines canadiennes inspirantes

Leur histoire et celle de leur famille comme de leur communauté imprègnent leur démarche artistique et pavent la voie à leur art. Un art créatif, singulier et souvent engagé, dans lequel tradition et modernité se donnent la main pour que le passé se conjugue tant au présent qu’au futur. Portraits de 10 créatrices autochtones d’ici, dont l’art mérite d’être mis à l’avant-scène et applaudi.

 

Elisapie

Elisapie est autrice-compositrice-interprète et réalisatrice. Elle est née à Salluit, au Nunavik, d’une mère inuk et d’un père terre-neuvien. Celle qui rêvait d’une carrière journalistique s’est exilée à Montréal pour y étudier les communications. Mais c’est par la musique qu’elle a fait principalement entendre sa voix. En duo, avec Alain Auger, elle fonde Taima en 2004 et décroche le prix Juno du meilleur album autochtone l’année suivante. Sa carrière solo prend son envol en 2009. Elle chante en inuktitut, en anglais et en français, faisant ainsi résonner ses paroles comme celles des plus grands auteurs québécois (de Richard Desjardins à Pierre Lapointe, en passant par Jim Corcoran). Ses succès, aux accents folks, séduisent un large public ici comme outremer. La quête identitaire des peuples autochtones canadiens la préoccupe au plus haut point, sachant qu’elle a elle-même été adoptée. Si bien qu’elle tourne à Kangiqsujuaq le documentaire Si le temps le permet, qui sort en 2003 et lui vaut un trophée au festival Présence autochtone. Celle qui a été semi-nomade, enfant, fait communion avec la nature et rêve d’un pied-à-terre dans le Grand Nord, pour transmettre cet héritage à ses enfants.

 

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Shina Nova

De son nom complet Shina Novalinga, cette chanteuse de gorge d’origine inuit est suivie par 375K fidèles sur Instagram et près de 2M sur TikTok. Fière de sa culture et de son héritage inuk, elle conçoit le chant de gorge comme un art directement branché sur le cœur, l’authenticité et la spiritualité. En écoutant Shina (qui chante souvent en duo avec sa mère), on est littéralement transportés tellement les sons qu’elle émet rappellent ceux de la nature et des animaux. Regardés des millions de fois sur les réseaux sociaux, les vidéos de Shina Nova sont cadencés par des rythmiques harmonieuses, un talent brut que lui a transmis sa maman et qu’elle polit depuis sa plus tendre enfance. Ses plateformes lui permettent aussi de partager à son public des pans de sa culture indigène (tressage des cheveux, port de la parka, etc.). Sa présence numérique l’amène aussi à tisser des liens avec toutes sortes de créateurs autochtones canadiens et américains, donnant lieu à des collaborations inédites et absolument irrésistibles. Shina Nova – qui rêve d’enregistrer un album avec sa mère – est aussi une humaniste: elle reverse une partie des dollars qu’elle gagne à un refuge pour femmes autochtones de la province de Québec.

@shinanovaThroat singing “Qimmiguluapik”, “The Little Puppy” ##inuit ##inuittiktok ##throatsinging ##thelittlepuppy♬ original sound – Shina Nova

Natasha Kanapé Fontaine

Née à Pessamit, sur la Côte-Nord, au Québec, Natasha Kanapé Fontaine a tous les talents: elle est écrivaine, poétesse, slammeuse, traductrice, conférencière et actrice. Elle a figuré au générique de la célèbre série télé Unité 9, présentée sur ICI Radio-Canada Télé, y interprétant le bouleversant personnage de Eyota Standing Bear. Issue de la communauté innue, elle milite pour le respect des droits des autochtones, dénonçant haut et fort – sur toutes les tribunes qui lui sont offertes – le racisme et la discrimination qui sont trop souvent le lot de son peuple. À travers les échanges et le dialogue, Natasha plaide pour qu’autochtones et allochtones se rassemblent et partagent leurs cultures en tout respect, humanité et dignité. Elle exprime sa douleur et sa colère identitaire à travers l’art. Et ses mots font écho à large échelle puisque son puissant recueil de poésie N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures lui a valu le prestigieux Prix des écrivains francophones d’Amérique, en 2013.

May Ningeongan

Établie à Salliq (Coral Harbour), au Nunavik, May est une créatrice de mode d’origine inuite. Comme les techniques de couture ancestrales se transmettent de mères en filles depuis des générations chez le peuple innu, May Ningeongan y fait honneur dans ses créations. Elle fait d’ailleurs équipe avec sa maman, et ce, sur une base quotidienne. Tout ce qui porte la griffe du duo – Ujaraatsiaq’s Garments (le prénom de May, en langue inuktitut) – allie tradition et modernité. On y retrouve quantité de détails: des broderies aux appliques, en passant par diverses formes géométriques. Les parkas, robes, vestes et bottes qui sont créées par May et sa mère sont faites de fourrure et de cuir de phoque, une matière chaude, noble et durable, que les peuples autochtones du Grand Nord canadien chérissent par-dessus tout. Vous pouvez d’ailleurs découvrir tout l’éventail du talent de May Ningeongan et vous procurer les grandioses créations d’Ujaraatsiaq’s Garments ici même, sur le site web de Artisanats et créations fièrement autochtones.

INUK 360

Derrière la marque Inuk 360, se cache Inuk Trennert, une créatrice inuit née et basée à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Amoureuse de son peuple, de son coin de pays et des traditions qui lui sont chères, elle en infuse chacune de ses œuvres. Car d’aussi loin qu’elle se souvienne, Inuk – qui a grandi dans une famille d’artistes – a toujours rêvé de devenir designer de mode. C’est au printemps de 1990 qu’elle trouve son créneau: elle créera des bijoux et accessoires en fourrure de phoque mais aussi en poils de caribou, une pratique ancestrale en voie d’extinction! Passée maître en la matière, elle a même appris cet art à des milliers de gens de partout sur le globe, au fil des ans. Quand elle crée, Inuk Trennert ne s’impose aucune limite! Ses accessoires sont donc pimpants, originaux, enjoués et colorés, comme en fait foi la sélection Inuk 360 disponible sur notre site web.

April Pigalak

April a grandi a Kugluktuk, au Nunavut, mais vit maintenant à Embrun, dans l’Est ontarien. Initiée à la couture à un très jeune âge, elle conjugue le passé au présent: les thèmes qu’elle exploite et les matériaux qu’elle emploie sont chers à la communauté Inuite depuis des siècles, mais elle les décline avec un maximum de modernité, en jouant avec les formes et les textures. Sa maroquinerie (sacs à main, portefeuilles), ses bijoux (colliers, boucles d’oreilles) et ses accessoires (nœuds papillons) sont cousus à la main, en petits lots, et taillés dans de la fourrure de phoque. Sans oublier que leurs couleurs proviennent de colorants naturels. La griffe d’April s’appelle Upinngaaq Designs et signifie printemps en Inuinnaqtun, une saison qu’elle affectionne par-dessus tout et qui stimule sa créativité. Découvrez ses œuvres ici.

Erica Donovan

C’est à Erica qu’on doit la marque She Was A Free Spirit. Cette artiste Inuvialuit de Tuktoyaktuk, des Territoires du Nord-Ouest crée des bijoux inspirés de la culture innue et des couleurs uniques du territoire arctique qui est le sien. Issue d’une longue lignée de couturières, Erica jouit d’un savoir-faire technique pointu. En mettant ce dernier à profit, elle s’emploie donc à dessiner des bijoux et articles de mode faciles à porter, qui ajoutent une pointe d’originalité à n’importe quel look. Pas étonnant que la créatrice ait été mise de l’avant sur le “market place” durant l’Indigenous Fashion Week de Toronto, en 2018 et à vendre en ligne l’IFWTO 2020. Elle a également été mise de l’avan durant la Semaine de la mode de Paris, en 2019. Avant qu’elles ne s’envolent comme des petits pains chauds, mettez vite la main sur les créations She Was a Free Spirit d’Erica Donovan sur http://shewasafreespirit.com/ ou via ce lien.

Christina King

Christina King est connue dans ses œuvres par son nom inuit traditionnel –Taalrumiq. L’artiste et designer originaire de Tuktuuyaqtuuq se plaît à dévoiler sa culture Inuvialuit à travers ses œuvres, ancestrales de par leur utilité et leur composition mais contemporaines de par leur facture visuelle. Christina crée quantité de pièces Inuit traditionnelles, en fourrure de phoque et de renard (bijoux, couvre-visage, parkas, moufles, etc.). Mais la belle s’amuse à les draper de modernité, en les déclinant dans des couleurs déjantées, et en les affublant même de motifs originaux et variés. Ayant quitté son territoire d’origine pour la grande ville, elle reste très attachée à ses racines. Et dès que l’occasion se présente, elle ne manque pas de rendre hommage à sa mère, à sa grand-mère et à son arrière-grand-mère, à qui elle doit son amour du design Inuit et du travail bien fait. Parmi les créations Taalrumiq de Christina King, mises en vitrine sur le site web de Artisanats et créations fièrement autochtones, se retrouvent de sublimes boucles d’oreilles en fourrure de phoque et de renard.

Alookie Korgak

Alookie, c’est la maman d’Alook Design, une sympathique griffe d’accessoires et de bijoux mode. Cuir et fourrure de phoque, poils de caribou: les matières premières qu’utilise l’artiste font écho à ses origines nomades et innues. D’une grande délicatesse et d’une modernité certaine, les créations d’Alookie Korgak – dont ses magnifiques colliers – donnent illico du panache à la plus simple des tenues. La jeune femme pleine d’enthousiasme a un faible pour la couleur, les perles et les os. Elle en distille d’ailleurs un peu partout sur ses œuvres, qu’elle caratérise de mode « féroce et libre » (Fierce and Free Fashion). Vous pourrez bientôt vous extasier devant les créations originales d’Alook Design, ici même sur le site web d’Artisanats et créations fièrement autochtones. Restez à l’affût!

 

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Cheryl Fennell

Née et établie à Yellowknife, dans les Territoires-du-Nord-Ouest, Cheryl est métis. Et c’est une artiste à part entière. Ses origines teintent ses créations, qui sont aussi empreintes d’une touche contemporaine. Avec sa griffe appelée Snowfly, Cheryl travaille la fourrure et le cuir de phoque à sa manière: elle les taille, les coud, les colore et les incorpore tant à des vêtements, des sacs et des bijoux qu’à des meubles. Ces matières premières ancestrales sont hautement inspirantes à aux yeux de Cheryl, au point où elle utilise toutes les tribunes à sa portée pour faire l’apologie de leur beauté, de leurs caractéristiques et de leurs utilités. Elle soutient même, par son art, divers projets qui viennent en aide aux jeunes de sa communauté. Cheryl Fennell est une artiste engagée au grand cœur, dont il est possible de découvrir les œuvres ici, sur notre site web.

Le Canada regorge d’artistes autochtones douées et engagées, qui souhaitent rendre hommage à leurs origines et à leur mode de vie à travers leurs créations originales, qu’il s’agisse de musique, de poésie, de chants de gorge ou de mode. Ces formes d’art permettent à tous d’élargir leurs horizons tout en mettant en lumière des femmes d’exception et Artisanats et créations fièrement autochtones est fier de les mettre de l’avant.